II - Le Daltonisme sous toutes ses formes

A - Historique

Le daltonisme est connu depuis le XVIIIème siècle, grâce au physicien anglais John Dalton atteint, selon Thomas Young, d’une trouble des couleurs.
En décrivant ses troubles de la vision, Monsieur Dalton permit alors d’ouvrir la voie sur l’étude de la physiologie de la perception colorée et donna son nom au daltonisme.

John Dalton (1766 - 1844)

 

B - Les trois groupes de daltonisme : de une à trois couleurs défaillantes

1) Le trichromatisme anormal

Le sujet est dit "trichromate anormal".

Cela correspond au fait que la rétine d’une personne contient tous les pigments (rouge, vert, bleu) mais qu’elle a une anomalie d’un de ces pigments. Elle affecte donc soit le pigment vert, soit le pigment rouge, soit le pigment bleu. L’un des cônes est donc déficient et ne permet pas de distinguer une des trois couleurs citées.

 

2) Le dichromatisme

Le sujet est dit "dichromate".
Cela correspond au fait que la rétine d’une personne contient seulement deux pigments, avec donc une absence d’un pigment (rouge, bleu ou vert) et sa vision se limite donc à l’utilisation de deux couleurs primaires ( entre le rouge, le bleu et le jaune).

3) L’achromatisme ou monochromatisme

Le sujet est dit "achromate".

Il s’agit de l’absence totale de perception des couleurs. Ce cas reste néanmoins très rare et touche une personne sur 40 000. La personne atteinte de cette anomalie voit notre monde en noir et blanc avec des nuances de gris. Elle est dépourvue des trois pigments habituels qui permettent de voir les couleurs. Les gènes de la iodopsine sont non fonctionnels pour les trois types de cônes.

C - D’ailleurs que voient les daltoniens ?

Nous nous occuperons principalement de la vision des deutéranopes.

Les deutéranopes sont des personnes qui ne possèdent pas le gène du vert, donc du pigment vert : perception uniquement à partir de deux couleurs primaires, le rouge et le bleu.

1) Les deutéranopes

Quand on dit qu'un daltonien confond le vert et le « orange », cela ne signifie pas qu'il voit du vert à la place du « orange » mais qu'il perçoit ces deux couleurs comme un gris, à cause de l'absence d'un de ses pigments.

Voici ce que voit un deutéranope (absence du pigment vert)

2) D’autres exemples de visions de différents dichromates

Vision Normale

Vision d'un protanope - Absence du pigment rouge

Vision d'un tritanope - Absence du pigment bleu

Vision d'un deutéranope- Absence du pigment vert

3) La vision d’un anachromate

D - Les moyens de dépistages

1) Le test d’ISHIHARA

Ce test, inventé en 1917 par le médecin japonais Shinobu Ishihara, est un recueil de planches utilisées pour dépister les anomalies de la vision des couleurs. Il permet de détecter toutes les déficiences dichromatiques.

Il faut savoir que ce test est exclusivement qualitatif et non quantitatif. Les planches de ce test sont composées d’une mosaïque de points de couleurs différentes, disposés de façon apparemment aléatoire, au sein duquel apparaît une forme sur un fond. Un ensemble de points représente une forme reconnaissable par l’unité de la teinte.

Les couleurs des points sont saturées différemment. Ainsi, le dichromate qui ne verrait pas la couleur, ne pourra pas non plus déchiffrer la forme par le seul fait d’une homogénéité de saturation ou de luminosité incompatible avec leur vision. Sur d’autres planches, cette homogénéité est utilisée pour faire percevoir des formes à des dichromates alors que des sujets normaux, abusés par les couleurs qui leur paraissent différentes, ne les percevront pas.

Exemples de planches

2) Une expérience pour montrer que nous sommes tous un peu daltoniens

Munissez-vous d’un crayon rouge et d’un crayon vert.

Prenez un crayon dans chaque main, sans en regarder la couleur, puis étendez les bras à l'horizontale de chaque coté de votre corps.

En regardant droit devant vous, ramenez lentement vos bras vers l'avant. Dès que vous apercevez les crayons, cessez de bouger les bras. Pouvez-vous voir quel crayon est vert ?

Ramenez ensuite vos bras devant vous jusqu'à ce que vous puissiez voir la couleur des crayons.

Pour comprendre ce qu'il s'est passé, il faut se rappeler que l'image se forme au fond de l'œil sur la rétine. Les cellules de la rétine sont les cônes et les bâtonnets. Les bâtonnets sont actifs quand la luminosité est faible, mais sont insensibles aux couleurs. Les cônes permettent, eux, de distinguer les couleurs.

L'expérience montre que c'est au centre de la rétine que se concentrent les cônes : la vision des couleurs y est la meilleure. A la périphérie extrême, les couleurs ne sont même pas perçues.